Pour y voir clair dans la réforme : quel impact a eu la réforme sur l’apprentissage ?

,

Réforme de l’apprentissage : un bilan 2019 très positif

La réforme de la formation professionnelle  est venue chambouler le paysage de la formation en France. Qu’en est-il spécifiquement de la réforme de l’apprentissage, après plus d’un an de mise en œuvre et quels sont les premiers impacts ?

La Loi Avenir Professionnel avait clairement pour ambition de soutenir un développement massif de l’apprentissage. Aujourd’hui, les résultats sont vraiment perceptibles : de nouveaux acteurs sont entrés en scène. Les branches professionnelles ont pris davantage de poids dans les concertations, soutenues notamment par les OPCO et les régions.

Il semblerait en effet que les voyants soient au vert : 554 CFA ont été inaugurés en 2019 et le nombre d’apprentis a progressé de 16% par rapport à l’année précédente selon le Ministère du Travail. Voyons en détail ce qu’il ressort de ce nouvel enthousiasme pour l’apprentissage…

L’apprentissage se porte mieux que jamais

« L’apprentissage, c’est la garantie d’un travail qualifié » clame Muriel Pénicaud, la Ministre du Travail, qui dresse un premier bilan très positif montrant bien que les chiffres battent des records. Ce mode d’enseignement consiste à former des jeunes en alternant formation théorique et pratique avec un travail rémunéré en entreprise. C’est donc une des solutions les plus efficaces pour lutter contre le chômage. En effet, cela permet de mieux former les apprentis en leur offrant une première expérience professionnelle favorisant normalement une insertion plus rapide dans l’emploi.

Cependant, la ministre qui annonçait les résultats de l’apprentissage pour l’année 2019 lors d’une conférence de presse le mardi 4 février 2020, a suscité des réactions plus vives qu’elle ne l’aurait pensé puisque les régions et le gouvernement se disputent le succès de ces premiers impacts positifs. En effet, au 31 décembre 2019, ce sont 485 800 contrats d’apprentissage qui ont été signés, contre 437 000 l’année passée. L’apprentissage a ainsi augmenté de 16%, ce qui représente 50 000 apprentis supplémentaires et ce, partout en France ! Parallèlement, le nombre de CFA a également fortement augmenté : 554 CFA ont été inaugurés en 2019, amenant à 1 200 le nombre total de CFA en France.

La réforme a permis de revoir à la fois le financement et la gouvernance de la formation en apprentissage. Le nouveau financement des contrats a complètement changé. Les régions ont moins de poids sur cette partie puisque dorénavant, ce sont les OPCO (via France Compétences) qui financent les CFA au contrat. Avant la réforme, ce sont les régions qui les finançaient plutôt de façon globale « au volume ». En revanche, si elles influencent moins sur le financement, le travail de fond mené par les régions sur l’apprentissage depuis plus de 5 ans est en train de porter ses fruits.

Un engouement et de nouveaux métiers émergents

Il y a donc un réel engouement pour l’apprentissage de la part des entreprises qui manquent cruellement de salariés compétents partout en France. Les nouveaux CFA offrent de belles perspectives :

  • plus besoin d’attendre la rentrée de septembre pour entrer en formation,
  • l’âge des apprentis est repoussé de 26 à 30 ans
  • et les titres décernés peuvent être reconnus par l’État en 6 mois au lieu des 3 ans.

La Loi Avenir Professionnel recentre ainsi l’action de formation sur les apprentis eux-mêmes. Ces dernières années, l’apprentissage se développait principalement dans le supérieur, chez les plus diplômés, alors que plus d’un million de jeunes ne sont ni en formation ni dans l’emploi. Il était donc urgent d’agir et de mieux promouvoir les CAP ou Bac Professionnel.

De plus, la loi offre désormais la possibilité aux entreprises de créer leur propre CFA afin de mieux faire correspondre les programmes de formation à leur plan de développement des compétences. C’est une véritable opportunité pour certaines entreprises qui peinent à recruter. Certains métiers, nouveaux ou très pointus, requièrent des compétences inédites qu’il est difficile de trouver sur le marché et encore moins dans les formations génériques. Les CFA « sur-mesure » permettent donc de bénéficier d’une main d’œuvre plus qualifiée qui répondra exactement aux besoins des entreprises et du marché sur des métiers émergents ou tout du moins, en forte évolution.

 

Les effets de la réforme sur le marché de l’emploi sont déjà visibles. Les résultats en matière d’apprentissage sont très prometteurs. Il est cependant nécessaire de relativiser l’impact direct de la réforme en seulement un an. Il faut se souvenir que ces résultats encourageants sont le fruit d’un travail de fond démarré ces dernières années par toutes les parties prenantes de la formation professionnelle pour favoriser l’apprentissage.

De plus, les impacts vont certainement continuer : la forte augmentation du nombre de CFA devrait pousser les centres de formation « historiques » à évoluer vers plus de digital et à revoir leur organisation marketing et commerciale (LIEN ARTICLE 17) s’ils veulent saisir les opportunités de développer leurs offres en préservant leur attractivité.