Executive Education dans l’enseignement supérieur: quelles nouvelles priorités avec la réforme de la formation ?

La gestion de la formation continue dans l’enseignement supérieur

Force est de constater que la réforme de la formation professionnelle modifie considérablement les axes prioritaires des services de formation continue dans les établissements d’enseignement supérieur. Pourquoi ?

Quels sont les impacts de la réforme sur l’Exécutive Education en matière de financements ou de structuration des offres par blocs de compétences ? Découvrez comment faire de cette réforme une nouvelle opportunité pour (re)développer l’Executive Education dans votre établissement…

Prendre conscience des impacts de la réforme sur la formation continue dans l’enseignement supérieur

Tout d’abord, il faut bien comprendre que la réforme en cours va totalement libérer l’accès à la formation professionnelle puisque chacun pourra accéder plus facilement aux différentes offres de formation et y souscrire librement grâce au CPF (Compte Personnel de Formation) monétisé.

Cela va impacter fortement la structuration des offres de formation, notamment certifiantes et diplômantes, qui devront désormais être construites par blocs de compétences. En effet, la réforme repositionne la nécessité de la formation tout au long de la vie comme un élément clé de l’employabilité et pour laquelle l’acquisition de compétences sera déterminante dans le cadre d’une activité professionnelle.

Il est donc vital pour les établissements d’enseignement supérieur de changer de paradigme et de s’inscrire dans une démarche de développement des compétences en prévision d’une concurrence accrue avec les organismes de formation professionnelle. En effet, les organismes de formation sont très souvent en avance sur cette démarche compétences et mieux positionnés pour exploiter ce premier impact de la réforme…

Si beaucoup d’écoles de management ont déjà pris le virage, de nombreuses universités qui proposent une offre de formation continue ne l’ont pas encore fait et souffrent également d’un déficit de notoriété. En effet, l’EXED ou l’Executive Education, a une forte connotation professionnelle et l’université ne bénéficie pas spontanément de cette image de coopération avec le monde de l’entreprise. Pour prendre le virage de la réforme, les universités vont devoir revoir leurs offres de formation continue et co-créer des partenariats plus forts avec les entreprises.

Certaines universités réagissent et l’on peut citer les exemples des université d’Angers, Côte d’Azur, Strasbourg et La Sorbonne qui se sont lancées dans la bataille en positionnant la formation continue comme un instrument clé de la stratégie et de recherche de rentabilité.

La réforme va entraîner une transformation en profondeur des acteurs de la formation professionnelle, établissements d’enseignement supérieur en tête, et il ne faudra pas sous-estimer les investissements et efforts de communication qui seront nécessaires pour valoriser l’image auprès des professionnels. La monétisation du CPF et les nouvelles possibilités offertes par le numérique apportent également une certaine « prime à la digitalisation » puisqu’il sera plus facile de souscrire à des cursus en e-learning ou blended-learning (associant des séances en présentiel à et à distance). Un atout majeur pour se différencier et capter un public désormais plus exigeant en matière de formation continue.

Une vraie opportunité pour développer l’Executive Education dans l’Enseignement supérieur et notamment dans les Universités

Si la formation initiale est souvent associée à l’image et au diplôme de l’établissement, la formation continue est aussi une source de rentabilité majeure ! Pourtant, l’Exécutive Education est souvent le parent pauvre en matière d’outils de gestion alors que l’opportunité est bien réelle.

Frédérique VIDAL, ministre chargée de l’Enseignement Supérieur, rappelait récemment que « les adultes doivent retourner sur les bancs de la fac » et « qu’il y a trop de métiers où les gens ne sont pas assez formés ». La ministre insistait également sur le potentiel des rapprochements entre universités et entreprises qui permettraient d’être un levier pour faire du volume en étant le relais de la réforme de la formation professionnelle dans les territoires…

Découvrez l’intervention de Frédérique VIDAL lors de l’évènement Think Education 2019 (à 38min25)

La réforme de la formation professionnelle va donc redistribuer les cartes de l’Executive Education et pour ne pas se retrouver à la traîne, les universités doivent entreprendre 3 transformations majeures :

  • Innover dans l’offre de formation en proposant des parcours à la carte, structurés par blocs de compétences, avec des outils pédagogiques plus digitaux à la hauteur du monde professionnel et favorisant le « Blended Learning ».
  • Investir dans un logiciel de gestion de la formation professionnelle à l’état de l’art permettant de gérer et optimiser les parcours de formation, fluidifier les processus et piloter la rentabilité des actions menées.
  • Changer l’image de l’université, considérée comme trop éloignée des considérations pratiques et concrètes du monde professionnel, en se rapprochant des entreprises via notamment l’expertise de ses enseignants-chercheurs.

La formation continue est aujourd’hui un terrain de jeu où beaucoup de choses sont à réinventer, il s’agit d’un investissement pérenne et rentable pour les établissements d’enseignement supérieur.

Un conseil concret : accélérer la démarche compétences grâce à une plus grande synergie avec les entreprises

Pour reprendre les propos de la ministre, les universités pourraient accélérer la transformation de leur activité de formation continue en profitant justement de leur maillage du territoire français afin de proposer des offres de formation centrées sur les besoins en compétences des entreprises locales : agroalimentaire, industriel, nautique, tourisme, digital, etc. Cette plus grande proximité avec les entreprises accélérerait considérablement l’adoption de la démarche compétences dans les universités.